Les communiqués des organisations politiques traditionnelles sont des plus rares…
On en publie certains, ceux qu’on a vus. N’hésitez pas à nous en signaler d’autres.
Communiqué de la LDH
Plusieurs personnes ont été arrêtées à Tarnac puis déférées à la Section antiterroriste du parquet de Paris après une garde à vue de 96 heures, c’est-à-dire le maximum autorisé par la législation d’exception dite « antiterroriste », le tout sous l’œil des caméras et des journalistes.
Les procès-verbaux des interrogatoires de garde à vue ont été rendus publics, comme certains rapports de synthèse des services de police, et la ministre de l’Intérieur a cru devoir porter des accusations de terrorisme contre les personnes mises en cause.
Une nouvelle fois, la Ligue des droits de l’Homme dénonce une procédure qui ne s’embarrasse pas du respect des libertés individuelles et se déroule sous l’œil de médias alimentés d’informations uniquement à la charge des personnes mises en cause. Cette violation, devenue permanente de la présomption d’innocence, y compris par des services de l’Etat ou par des responsables politiques, marque un affaiblissement inacceptable de l’Etat de droit.
La LDH regarde avec inquiétude l’extension de l’accusation de terrorisme à toute forme de contestation sociale et politique alors même que, dans le cas présent et de l’aveu même de la ministre de l’Intérieur, aucune vie n’a jamais été mise en danger, ni même susceptible de l’être. Le terrorisme est une menace trop sérieuse pour que l’on cède en la matière à des instrumentalisations et à des gesticulations sécuritaires.
La LDH dénonce la méthode de gouvernement qui conduit à exploiter chaque fait divers et à criminaliser toute critique de l’ordre établi pour réduire les libertés civiles et politiques.
Paris, le 27 novembre 2008
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Communiqué de Sud Education
Libération immédiate des inculpés de Tarnac !
Abrogation de la circulaire du 13 juin 2008 !
jeudi 27 novembre 2008
Le 11 novembre dernier, 150 policiers cagoulés et 2 hélicoptères ont mené une opération coup de poing en présence des caméras pour interpeller et inculper neuf jeunes, soupçonnés d’« association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Ils sont suspectés d’avoir dégradé et mis hors service des caténaires de la SNCF. Depuis la circulaire antiterroriste du 13 juin 2008, une telle inculpation est passible de 20 ans de réclusion.
Or, à ce jour, le dossier est vide, ce dont a témoigné leur avocate Me Irène Terrel (« découverte » d’un livre en vente libre dans n’importe quelle librairie de textes théoriques passablement abstraits,, de matériel d’escalade…). Cependant cinq de ces jeunes de la ferme de Tarnac sont incarcérés à titre préventif pour une durée indéterminée.
La disproportion grotesque entre les moyens policiers déployés, la qualification retenue par le procureur de paris, M. Marin, et les faits incriminés, nous conduisent à exiger la libération immédiate des cinq jeunes.
Depuis des mois, la police, le Ministère de la Justice, les grands médias ont construit de toutes pièces une nouvelle figure de « l’ennemi intérieur » : le « terroriste d’ultra-gauche ». Une image utilisée hier contre les militants du RESF, contre des sans-papiers, aujourd’hui contre des jeunes vivant en communauté à la campagne.
Qui peut, sérieusement, parler ici de « terrorisme » ?
Qui a peur des jeunes de Tarnac ?
Qui est terrorisé par RESF ?
Nous dénonçons la législation antiterroriste de juin 2008 qui permet aujourd’hui d’inculper pour « terrorisme » n’importe qui pour n’importe quoi.
Nous dénonçons le terrorisme d’état , bien réel celui-là, qui, avec le fichier Edvige, Cristina et autres, les tasers, Vigipirate, les prélèvements ADN, le fichier base-élèves, le flicage « veille de l’opinion » de Darcos, le délit d’outrage, le GIGN envoyé contre des grévistes, traîne des fonctionnaires et des citoyenNEs devant les tribunaux et pousse des sans- papierEs à se défénestrer à la vue des forces de police. Face à ces lois d’exception qui se mettent progressivement en place et qui visent à réduire au silence toute tentative de contestation, il faut affirmer qu’aucune menace d’« ultra-gauche » n’existe aujourd’hui dans notre pays.
Sud Éucation dénonce cette tentative de manipulation de l’opinion et la construction imaginaire d’un risque « anarcho-autonome ».
Sud Éducation exige que les jeunes de Tarnac soient libérés immédiatement, car il est insensé de les traiter en terroristes, alors que leur détention préventive risque de les condamner avant même qu’ils soient jugés.
Sud Éducation exige l’abrogation immédiate de la circulaire du 13 juin 2008 qui menace n’importe quel citoyen français de procédures d’exception inacceptables et promet de futures tragédies judiciaires, comme celles des « flops » des Irlandais de Vincennes, des « Moujahidines » iraniens de Auvers-sur-Oise, etc.
Sud Éducation appelle à rejoindre le comité de soutien de Tarnac.
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Communiqué des Verts
L’affaire des irlandais de Tarnac ?
Réaction presse de Cécile Duflot du 29 novembre 2008
Le 11 Novembre 2008, la police a procédé à quinze interpellations et par la suite à la mise en examen de neuf personnes, dans le cadre d’une enquête concernant la pose d’engins ayant détruit des caténaires sur les voies de TGV. 17 jours après, où sont les aveux ou les preuves de « terrorisme » promises à grand renfort de communiqués ? Posséder une échelle et des horaires de train suffit-il pour être déféré devant le parquet anti-terroriste ?
Les Verts ont condamné ces actes de vandalismes commis sur les caténaires, qui ont paralysé des milliers d’usagers du train. Les Verts ont toujours été défenseurs de la non-violence, même si elle peut être active, et des règles démocratiques.
Pour autant, les Verts sont aujourd’hui inquiets face à l’abus de langage que constitue, jusqu’à présent, l’accusation de ces neuf personnes « d’entreprise terroriste ». Les procédures d’exception mise en oeuvre dans ce cadre ne correspondent pas aux normes d’une justice respectueuse des droits humains.
Cette opération disproportionnée, en l’absence de preuves formelles, menée à grand bruit médiatique a-t-elle vraiment pour objectif de « lutter contre le terrorisme » ? Le but n’est-il pas de se construire des « ennemis de l’intérieur » à partir d’une petite communauté qui prône l’anti-consumérisme et un autre modèle de société (communauté qui rappelons-le n’a jamais menacé aucune vie humaine) ?
Les déclarations médiatiques de la Ministre de l’Intérieur et l’acharnement à condamner ces citoyens en l’absence d’indices clairs bafouent le principe fondamental de la présomption d’innocence. Cette stratégie ne fait qu’exacerber les tensions et ne respecte pas les libertés publiques.
Les Verts demandent la requalification des accusations retenues contre les neufs inculpés du 11 Novembre, et en l’absence de preuves formelles appuient la demande de remise en liberté des cinq détenus en attendant leur jugement.
Les Verts rappellent leur attachement aux principes qui fondent notre vie en société, ceux-là même au nom desquels nous portons des jugements sur les pratiques des autres pays. Les opérations policières disproportionnées qui ont été menées de Villiers-le-Bel à Tarnac, en tentant souvent d’instrumentaliser les médias, doivent nous encourager à ne pas hurler avec les loups. Il faut au contraire, plus que jamais, ne s’attacher qu’aux faits et faire en sorte que le justice puisse être rendue, en l’absence de pressions politiques.
Cécile Duflot, Secrétaire Nationale des Verts
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Communiqué du PCF
Les personnes arrêtées à Tarnac ont été déférées à la section antiterroriste de Paris après une garde à vue de 96 heures. Tout cela avec une très forte médiatisation et des interventions publiques, y compris de la Ministre de l’Intérieur.
Nous constatons, hélas, que la banalisation d’une législation d’exception – contre laquelle nous avons voté depuis 2002 – met à mal des principes élémentaires du respect des droits des personnes, comme la présomption d’innocence.
Le PCF dénonce la méthode du gouvernement.
Une telle banalisation fait craindre une possible utilisation de l’accusation de terrorisme pour diverses formes de contestation sociale et politique.
A l’heure actuelle, la présomption d’innocence des personnes arrêtées à Tarnac doit être respectée. L’enquête doit suivre son cours dans le respect de la loi, sans récupération médiatiques. La justice doit se prononcer sur ces actes, pour ce qu’ils sont, et sans subir une pression médiatico-politique.
Parti communiste français
Paris, le 28 novembre 2008.
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Communiqué de la LCR.
La remise en liberté de trois des cinq emprisonnés du groupe de Tarnac par la cour d’appel de Paris ne fait que démontrer l’inanité de l’accusation de terrorisme, complaisamment colportée par les enquêteurs et le pouvoir politique. Ces arrestations à grands renforts de forces policières et très médiatisés sont un des signes d’une dérive sécuritaire et liberticide, galopante, de plus en plus affirmées.
Que ce soit la scandaleuse et brutale arrestation d’un ancien directeur de publication de Libération, Vittorio de Filippis, accusé de diffamation, que ce soit la perquisition dans un collège du Gers avec des chiens policiers qui ne peut que traumatiser de jeunes collégiens, chacun de ces événements voient les libertés publiques mises à mal.
N. Sarkozy porte une lourde responsabilité en la matière. Le discours sécuritaire, qu’il véhicule depuis plusieurs années, agrémenté d’agressions verbales, visant à stigmatiser tous ceux et toutes celles qui portent une parole différente de la sienne ne pouvait que déboucher sur une police, et parfois une justice, à son image.
Fréquemment, des sans-papiers, des jeunes sont victimes des mêmes agissements dégradants dans l’anonymat le plus total.
La LCR affirme sa totale solidarité avec les victimes de ces agissements inhumains. Les libertés publiques sont menacées. Il y a urgence à se rassembler pour les défendre.
Le 2 décembre 2008.
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Communiqué de la LDH
décembre 2008, une série inquiétante de faits qui se répete
Le 28 novembre 2008 à 6h30 du matin, la police sonne au domicile d’un journaliste de Libération. Il est, devant ses jeunes enfants, menotté, humilié, traité de manière insultante. En garde à vue, il sera contraint de se déshabiller entièrement et soumis à deux fouilles intégrales. Motif : 2 ans plus tôt, un commentaire avait été laissé sur le site de Libération par un internaute à propos d’une procédure judiciaire ; la personne visée par cette procédure avait porté plainte pour diffamation contre le journaliste qui était à l’époque directeur de publication. Affaire banale, la justice de la République en a traité des centaines.
Quelques jours plus tôt, la police recherche en Limousin les auteurs de plusieurs sabotages, dont la ministre de l’Intérieur elle-même reconnaît qu’il n’ont mis aucune vie en danger. Là encore, intrusion violente en pleine nuit dans les domiciles ; fouilles et arrestations d’une brutalité qui a provoqué l’indignation dans toute la région. Les personnes arrêtées, pourtant présumées innocentes, sont présentées à l’opinion comme de dangereux terroristes, en violation délibérée du secret de l’instruction.
Une semaine auparavant, le 17 novembre 2008, 4 gendarmes et un maître-chien font irruption à l’improviste dans dix classes du collège de Marciac, dans le Gers. Sans un mot, le chien est lancé à travers les classes. Les enseignants ne peuvent obtenir aucune explication. Trente jeunes « suspects » sont regroupés dans une salle, fouillés, parfois déshabillés ; leurs témoignages relatent des propos humiliants, menaçants et agressifs face à ces élèves tous traités comme des dealers présumés. En sortant, les gendarmes, qui n’ont rien trouvés, félicitent tous les élèves pour avoir « caché leur came et abusé leur chien ».
Point commun entre ces trois affaires : un journaliste à Paris, quelques villageois en Limousin, quelques dizaines de collégiens dans le Gers, sont présumés être de dangereux malfaiteurs et traités de manière brutale, humiliante et pour le moins disproportionnée par rapport aux missions de la police judiciaire.
Liberté de la presse, présomption d’innocence, droit des justiciables, et simple respect en toute circonstance de la dignité des personnes : qu’est ce qui, dans l’attitude des autorités politiques, laisse croire à des magistrats, à des gendarmes, à des policiers qu’ils peuvent impunément ignorer toutes ces règles constitutionnelles et internationales de production des droits de l’Homme ?
La LDH considère qu’il est urgent de réagir contre des dérives de plus en plus inacceptables de pratiques judiciaires et policières qui deviennent incompatibles avec l’Etat de droit
Communiqué de Presse
L’Union juive française pour la Paix a pour vocation principale d’intervenir sur le conflit israélo-palestinien, là-bas et ici, ainsi que sur ses répercussions en France, en faisant entendre une voix juive laïque. Ces combats, pour être menés, supposent le plein usage des libertés démocratiques.
C’est pourquoi l’UJFP, qui porte la mémoire douloureuse des conséquences désastreuses de la violation de l’état de droit, s’alarme d’un grand nombre d’atteintes récentes et graves aux droits humains. C’est le cas de la chasse aux étrangers dont Brice Hortefeux et les Préfets se font les agents zélés, afin d’atteindre d’inhumains quotas de sinistre mémoire, sans épargner, comme autrefois, les enfants. C’est le cas des mesures répressives surdimensionnées, dont des contrôles préventifs, à la montée des cars, à l’occasion d’une manifestation, à Vichy, contre la réunion provocatrice, quant au lieu et au thème, par le même ministre, de ses collègues européens.
C’est le cas de l’interpellation récente et musclée d’un journaliste, une grave atteinte à la liberté de la presse, ou de l’intervention scandaleuse de gendarmes et de chiens dans un établissement scolaire, dans le Gers. C’est enfin le cas, mais la liste est loin d’être limitative, du montage idéologique qui a conduit à interpeller, inculper et emprisonner neuf personnes, tenant une épicerie à Tarnac. La ministre de l’Intérieur, largement relayée, en boucle, par une grande partie de la presse écrite et audiovisuelle, a voulu les faire passer pour des nouveaux « ennemis intérieurs » qui auraient été liés au terrorisme international.
En réalité, trois semaines après, la bulle « terroriste » se dégonfle, tant il apparaît qu’aucune charge réelle ne peut être reconnue contre eux, à moins que la lecture d’un ouvrage en vente libre (« L’insurrection qui vient » –Eric Hazan, éditeur-) ne soit considérée comme telle, ce qui serait le signe d’une vraie dégradation de l’état des libertés en France.
Ces mesures répressives s’aggravent d’année en année, depuis un certain onze septembre, du fait du ministre de l’Intérieur, Sarkozy, puis du même, devenu président de la République qui aligne la France sur la politique étatsunienne d’un prétendu « choc des civilisations ». Elles n’ont, hélas, rencontré, au début, que peu d’opposition de la part des organisations démocratiques et de défense des droits de l’homme.
C’est pourquoi, l’UJFP, considérant que la limite est dépassée :
- Condamne fermement toutes les mesures répressives du gouvernement et la criminalisation des mouvements sociaux et s’oppose au délire sécuritaire qui s’installe.
- Prendra toute sa place aux côtés des organisations démocratiques en vue de défendre les libertés et l’État de droit.
- Exige la libération de Jean-Marc Rouillan, remis en prison, pour refus de repentance.
- Exige la libération immédiate des deux derniers emprisonné-e-s de Tarnac et la levée des inculpations.
- Appelle tous les citoyens à la vigilance pour la défense des libertés démocratiques menacées et l’Etat de droit.
Paris, le 8 décembre 2008,
Le Bureau National de l’UJFP